Nous sommes des artificiers et œuvrons ensemble pour tirer de beaux feux d’artifice. Mais comme les poudres, les mèches et les fusées sont complètement mélangées, nous devrons nous coordonner pour jouer les cartes que nous avons en main dans le bon ordre. Ce jeu présente une caractéristique unique : chacun d’entre nous tient ses cartes à l’envers. Personne ne voit donc ses propres cartes mais voit celles de tous les autres joueurs !
Nous devrons utiliser le peu d’indices à notre disposition pour donner la bonne information de la manière la plus efficace. Aussi nous appuyer sur les pouvoirs de déduction de nos camarades pour qu’ils comprennent notre intention avec des informations partielles. Un jeu de déduction et de mémoire aux règles simples mais avec une grande profondeur stratégique. Le score d’un même groupe s’améliore avec la confiance et la complicité qui s’instaure au fur et à mesure des parties.
Un jeu indispensable pour comprendre ce qu’est la stratégie coopérative : quelle information donner ? A qui ? Quelles sont les priorités ? Déduction, écoute, arbitrage… au programme.
Un défi coopératif fascinant
Le jeu dans le quel si on ne coopère pas, on ne peut RIEN faire ! Le génie d’Antoine Bauza dans toute sa sobriété.
Hanabi est un jeu de cartes coopératif créé par Antoine Bauza. Les joueur·euse·s coopèrent pour réussir à organiser un feu d’artifice. L’objectif du jeu est simple : ensemble créons une séquence de cinq feux d’artifice dans les couleurs et ordres spécifiques. Cependant, la complexité réside dans le fait que chaque joueur·euse ne voit pas ses propres cartes, mais uniquement celles des autres. Cela transforme le jeu en un véritable défi de coopération et de communication.
Les mécaniques du jeu
Le jeu de
Hanabi se compose de cartes numérotées de 1 à 5 et de cinq couleurs différentes. Chaque joueur·euse reçoit une main de cartes. Mais ces cartes sont placées face cachée pour lui·elle-même, ce qui signifie que personne ne sait quelles cartes elles ou ils détiennent. L’objectif est de créer cinq séries complètes (une pour chaque couleur) dans l’ordre numérique de 1 à 5.
Les joueur·euse·s peuvent échanger des informations sur les cartes de leurs partenaires. Mais attention : les indices sont très limités. Par exemple, on peut dire à quelqu’un “Tu as un 3 rouge”, mais il ou elle ne pourra pas savoir s’il s’agit du premier, deuxième ou troisième 3. Cette contrainte rend la coopération encore plus cruciale.
Les actions disponibles sont simples : donner un indice sur les cartes des autres, jouer une carte dans l’espoir de la placer au bon endroit ou défausser une carte. Les erreurs sont possibles et peuvent nuire à la progression du jeu. Ce faisant elles renforcent également l’aspect stratégique et de réflexion en groupe.
La coopération au centre du jeu
La coopération dans
Hanabi repose sur la capacité des joueurs·euses à communiquer efficacement sans en dire trop. Le jeu exige que chaque décision soit prise collectivement. Les participant.e.s sont fortement incité.e.s à s’écouter attentivement. Et à réfléchir à la manière dont chaque indice peut être utilisé au mieux.
Le défi réside dans le fait que chaque joueur·euse doit non seulement se fier à ce que les autres lui disent explicitement, mais aussi déjouer les messages implicites. La stratégie consiste à utiliser les indices de manière intelligente et à anticiper les actions des autres joueur·euse·s.
Cela permet à
Hanabi de mettre en lumière l’importance de la gestion des informations et de la confiance dans une équipe. Ceci tout en renforçant les compétences de communication interpersonnelle et de collaboration. Ce jeu est parfait pour les groupes qui cherchent à développer des compétences sociales et relationnelles.
Les compétences psychosociales développées
Hanabi est un excellent moyen pour les joueur·euse·s de développer des compétences psychosociales essentielles. Sont mises en jeu dans Hanabi : l’écoute attentive, la prise de décision collective, la gestion du stress et la résolution de problèmes en groupe. Prendre des décisions basées sur des informations limitées et parfois ambiguës favorise l’esprit critique et la pensée stratégique.
Les éducateurs·rices, les animateur·rices et les professionnels de l’accompagnement pourront utiliser ce jeu pour encourager la coopération, la gestion de l’information et l’importance de la confiance dans les relations.
Hanabi offre ainsi une belle opportunité pour sensibiliser les enfants et les adultes à ces compétences. Le jeu les met en pratique dans un cadre ludique et agréable.
Antoine Bauza : L’auteur derrière Hanabi
Antoine Bauza, né le 25 août 1978, est un créateur de jeux de société français renommé. Il est l’auteur de nombreux succès comme
Ghost Stories,
Hanabi et
7 Wonders. Après des études en chimie et informatique, il se spécialise en jeu vidéo. Puis devient professeur des écoles, avant de se consacrer à sa passion pour les jeux. Son œuvre se distingue par une grande diversité, Bauza a su se renouveler avec des jeux pour différents publics, de l’enfance à des adultes passionnés.
Son style se caractérise par des mécaniques innovantes, favorisant la coopération et la réflexion stratégique. Il est aussi l’auteur du
Donjon de Naheulbeuk, un jeu humoristique apprécié des ados. Son travail se distingue par son désir de créer des jeux qui poussent à l’interaction et à la réflexion en groupe, tout en restant accessibles et ludiques. Grâce à des mécaniques simples mais efficaces, Bauza réussit à captiver des joueurs·euses de tous âges.
Les jeux à communication limitée
Hanabi est un jeu de cartes coopératif à la fois simple et complexe, qui encourage la communication, la stratégie et la collaboration. Ce jeu unique offre une expérience immersive, où chaque joueur·euse devient un acteur clé de la réussite collective. Grâce à sa mécanique innovante et ses défis constants,
Hanabi est un excellent moyen de développer des compétences psychosociales tout en s’amusant. Idéal pour les groupes et les familles, il invite à repenser la coopération de manière ludique et engageante.
- Hanabi : un petit jeu de carte d’une originalité radicale et détonante, dans lequel personne ne voit son propre jeu ! Le premier jeu coopératif à communication limitée. Hanabi aura probablement inspiré les suivants : Kréus, La Glace et le Ciel, Magic Maze, et son extension, Magic Maze Kids, etc.
- Enfin, des jeux reposant entièrement sur la communication non-verbale et non codifiée : le très original The Mind
Jean-Philippe Garcia Ballester –
Un des très rares jeux (le seul ?) à avoir des règles extrêmement simples mais une très grande profondeur.
Le mécanisme à la base du jeu consistant à tenir les cartes à l’envers renverse les conventions, intrigue et surprend, permettant de faire jouer des gens pas nécessairement attiré au premier abord par un jeu de coopération.
Attention, derrière une apparente simplicité se cache la mise en place d’une stratégie de groupe complexe préalablement à la partie, et les joueurs débutant ratant cette étape pourront avoir l’impression de jouer uniquement un jeu de mémoire et en ressentir une certaine frustration. Pour pouvoir faire un score parfait, il faudra jouer souvent avec les mêmes personnes, apprendre les styles de jeu et les réactions de chacun, et s’accorder sur la manière de jouer. Heureusement, le jeu ne propose pas de défaite ou de victoire, mais simplement un score global final, et chaque groupe pourra donc apprécier le jeu en fixant son objectif en fonction de ses envies.
Du point de vue de la coopération, Hanabi est très intéressant car il est nécessaire que tous les membres de l’équipe se fassent mutuellement confiance pour pouvoir gagner. En effet, attendre de connaître les informations de couleur et de nombre pour jouer une carte utilise trop de pions indices. Il faudra donc défausser ou jouer les cartes en n’ayant que des informations partielles, et donc partir du principe que les informations données par nos camarades sont utiles.
Cependant, Hanabi est un jeu où la communication est limitée et où, une fois la partie commencée, les choix sont entièrement individuels et pas collectifs. Il plaira donc à ceux qui aiment faire leurs propres choix, mais risque de ne pas convenir à ceux aimant demander de l’aide au groupe lorsqu’ils sont en difficulté. De plus, suivant les groupes de joueurs, quelqu’un faisant des erreurs pourra être facilement pointé du doigt. Il n’y a pas vraiment d’entraide, au sens où on ne peut pas conseiller un joueur mais seulement lui donner une information sur son jeu.
À noter que pour ceux intéressés uniquement par l’aspect déductif du jeu, on peut trouver sur Internet un document à imprimer soi-même permettant de noter les indices reçus et donc d’enlever entièrement l’aspect mémorisation. Certes, c’est tricher, mais l’important c’est surtout de prendre du plaisir !
Prenez le si vous aimez :
* devoir déduire ce que pense votre interlocuteur à partir de ce qu’il dit
* réfléchir à la mise en place d’une stratégie efficace et optimale
Évitez le si vous n’aimez pas :
* devoir jouer votre tour sans pouvoir demander l’avis du groupe
* les jeux un peu abstraits ou qui ne racontent pas une histoire
Verified owner Chloé di Cintio –
LE jeu dans lequel si on ne coopère pas, on ne peut RIEN faire !
Hanabi exprime avec perfection l’essence même de la coopération. Ce jeu qui révèle la profondeur des intuitions d’Antoine Bauza en matière de coopération, de part l’extrême simplicité de ces règles et la finesse des interdépendances induites entre les joueurs-euses.
Sous ces allures de petit jeu de poche, Hanabi est un chef d’œuvre de mécanique ludique. Indémodable, il est et restera une pièce maitresse dans l’histoire des jeux coopératifs.