Pour nous, les jeux coopératifs sont une nouvelle manière d’appréhender l’éducation et de passer d’une éducation froide et abstraite à une nouvelle éducation relationnelle sociale et chaleureuse !
EnVies EnJeux et les jeux coopératifs : un choix déjà ancien
Alors que le Canada, l’Allemagne ou la Belgique ont découvert relativement tôt les jeux coopératifs, il aura fallu attendre 1994 pour que Non-Violence Actualité les introduise en France, suscitant l’intérêt de l’équipe à l’origine de l’association Altern’Educ, créée pour développer le concept d’éducation relationnelle : prévention des violences, gestion positive des conflits, développement des pratiques coopératives.
Créée en 2008 au sein d’Altern’Educ, l’association EnVies EnJeux prit son essor suite à la dissolution de l’association-mère, et en poursuit les objectifs initiaux : utiliser le jeu comme outil au service de l’apprentissage de relations interpersonnelles non-violentes. Depuis, bien des choses se sont passées…
Aujourd’hui EnVies EnJeux regroupe trois antennes : l’une à Millau (Aveyron), la seconde à Aubagne (Bouches-du-Rhône) et la troisième à Grenoble en Isère. Ces antennes rencontrent des publics variés, développent leurs spécificités en réponse aux problématiques rencontrées localement puis mutualisent leurs créations tout en coopérant les unes avec les autres.
Les jeux coopératifs à EnVies EnJeux : illustration concrète d’un projet éducatif sans violence
EnVies EnJeux fait le choix d’un apprentissage ludique des relations, à l’aide d’outils agréables à manier et à vivre. Notre idée, c’est qu’on apprend toujours mieux lorsqu’on éprouve du plaisir…
EnVies EnJeu et son projet
Chacun-e de nous est directement concerné-e par la dimension relationnelle. En famille, entre ami-e-s, au travail… Il n’y a rien au monde de plus simple en apparence, et pourtant de plus complexe que les relations… aux autres, à soi, à son environnement. Souvent, lorsque nous parlons « relations », on nous parle d’« enfants difficiles », comme si cette question d’une gestion positive des relations concernait des autres, « à problèmes », plutôt que nous-mêmes. Pourtant, rares sont les personnes à l’aise avec leurs émotions, capables d’échapper au triptyque « victime-bourreau-sauveur » et au mécanisme de résolution des conflits de type « fuite-domination-soumission »…
Tout le travail de l’association est là : en jouant, nous prenons du plaisir ! Le jeu recèle de puissantes vertus pédagogiques. Dans le jeu, les erreurs sont considérées comme des phases « normales » du jeu et non comme des « fautes » sanctionnées. Le jeu fait de l’enfant un acteur ce qui le rend ipso facto détendu, passionné et responsable de son apprentissage.
A travers les jeux coopératifs, nous goûtons de surcroît le plaisir de découvrir que l’on peut jouer avec les autres, et non contre les autres. Plaisir de vivre l’expérience que c’est ensemble, sans exclure mais en intégrant les différences que l’on pourra gagner. Plaisir d’apprendre progressivement à construire un objectif commun… et plaisir de bâtir un à un les éléments de compétence ou de stratégie qui nous permettront d’atteindre cet objectif partagé.
Le bénéfice du jeu
Le jeu porte en lui la transversalité : il est un reflet de notre personnalité et de nos attitudes. Il met en évidence les mécanismes qui régissent un groupe donné… Est-ce que gagner est important pour moi ? Est-ce que ce qui compte, c’est le moment que l’on passe ensemble ? Ai-je tendance à diriger la partie, et même peut-être à jouer à la place des autres ? Ai-je au contraire tendance à m’effacer devant l’avis de mes partenaires ? Ou devant l’avis d’une personne en particulier ? Quel est le degré d’écoute dans le groupe ? Comment sont gérés les désaccords… si désaccord il y a ? Comment sont prises les décisions, supposées valoir pour toute l’équipe ?
Au gré des parties, et des bilans sur les ressentis, sur ce qui a marché et ce qui n’a pas fonctionné, et sur ce qui pourrait être amélioré, enfants comme adultes vont réfléchir à leur place dans le groupe, à la manière dont ils communiquent et tiennent compte des avis émis. En définitive, à la façon dont les décisions ont été prises et à la manière dont chacun-e a vécu ce qui s’est passé dans le groupe. Peu à peu, c’est toute la différence entre collaboration et coopération qui va émerger : est-on dans la soumission à la stratégie et l’objectif de quelqu’un-e ou est-on dans la co-construction d’un objectif et d’une stratégie partagés ? Quant à l’équipe d’animation, son rôle sera d’accompagner le groupe dans sa découverte de la communication sans violence, des mécanisme d’écoute, d’affirmation de soi, de négociation sans perdant-e, de prise de décision au consensus… Autrement dit, par le jeu, enfants et adultes apprennent les outils de base de la résolution positive des conflits, qu’ils pourront réutiliser dans leur vie quotidienne : écouter, échanger des points de vue, argumenter, négocier… plutôt que de considérer l’autre comme une personne à dominer ou devant laquelle se soumettre.
De l’évènementiel à l’accompagnement
L’éducation relationnelle concerne tout un chacun. EnVies EnJeux s’adresse donc à tous les publics, alternant animations de découverte et accompagnement.
Envie de comprendre l’éducation relationnelle ? Nous intervenons dans les établissements scolaires
Si nous intervenons volontiers dans les écoles, les collèges et les lycées avec nos jeux coopératifs et notre programme de prévention des violences, les publics de l’association sont bien plus larges. Cafés parentaux associatifs, associations de quartier, collectifs de soutien à la parentalité, cafés à soirées thématiques, mairies et services municipaux, MJC, ludothèques, bibliothèques, centres de loisirs et centres sociaux, IME, ITEP, etc. font partie de nos réseaux d’intervention. Il nous arrive également de participer à de grands évènements tels que le Mondial du Vent de Port-Leucate par exemple, ou le festival « Grain de Sel » à Aubagne.
Nous adaptons chaque animation à la demande spécifique qui nous est faite : s’agit-il d’une journée de découverte des jeux de société et des jeux de corps coopératifs ? Doit-on aborder la question des relations garçons-filles ? Doit-on mettre l’accent sur l’écoute dans le groupe ? Sur les relations de confiance en soi et dans les autres ? Existe-il un phénomène d’exclusion ou de bouc-émissaire dans un groupe ? Doit-on insister sur des outils de coopération ? Travaille-t-on avec des enfants, des adolescent-e-s ou des adultes ? Ou peut-être avec un groupe mélangé ? Tout ceci se discute en amont pour établir le plus clairement possible les besoins, et définir les outils adaptés : jeux, théâtre-forum, contes avec cercles de parole, séjours de vacances, formation d’adultes et de formateurs, etc. L’observation de la dynamique de groupe ainsi que la parole donnée à chacun sont nos autres guides pour adapter nos jeux et outils aux publics que nous rencontrons.
Nos animations sont conçues pour s’adapter aux différents publics rencontrés, et à la fréquence de notre action. Intervenir une fois avec un groupe permet d’avancer l’idée que la compétition n’est pas la seule valeur possible, et qu’on peut éprouver un plaisir au moins aussi intense dans l’expérience de la solidarité : c’est souvent un choc, qui remet en perspective d’autres possibles au sein du groupe. S’il n’y a pas de miracle à attendre d’une animation unique, il est toujours utile de semer les graines de la coopération ; si cela ne parle pas à tout le monde, cela parlera sans doute à quelques un-e-s. C’est une question de dynamique, de processus… En effet, cela peut se faire en petit groupe avec des jeux de société coopératifs, ou en grand groupe à l’aide de jeux de corps coopératifs, de jeux citoyens, de jeux de parachute ou de grands jeux en bois coopératifs, qui sont idéaux pour les animations de rue. Généralement, nous aimons clore les séances par des bilans, mais les conditions ne s’y prêtent pas toujours.
De l’intervention à l’accompagnement
Le travail d’accompagnement nécessite de suivre un groupe. De notre point de vue, il est beaucoup plus riche et nous permet de déployer une véritable activité d’éducation relationnelle. Accompagner un groupe permet d’introduire des bilans sur notre vécu de l’activité, sur le ressenti des autres, et sur ce que nous avons appris de notre expérimentation. Peu à peu, nous pouvons nous débarrasser de nos masques, et nous dire plus profondément, dans un cadre d’écoute sans jugement exprimé. Nous pouvons prendre conscience de notre place dans le groupe et de la manière dont les autres la perçoivent. Appréhender nos limites et celles des autres, et les exprimer sans agresser, chercher à bâtir un groupe soudé à l’image de ce que chacun-e est réellement, avec ses émotions, ses forces et ses faiblesses, ressentir ce qu’est la solidarité en actes : autant d’apprentissage qui sont des acquis dans notre vie de tous les jours.
C’est là l’objectif d’un travail d’éducation relationnelle : et c’est pourquoi les jeux sont une entrée qui mène presque logiquement vers d’autres outils. Plus implicants émotionnellement, ils nous ouvrent à la conscientisation des enjeux globaux de la relation. Estime de soi, confiance en soi et confiance dans les autres, affirmation de soi non-agressive, écoute, définition de ses limites, communication sans violence, coopération : autant d’enjeux que les jeux peuvent ouvrir.
Si les jeux nous font effleurer ces aspects, le théâtre-forum, les cercles de parole (Programme de développement affectif et social), les grands jeux de groupe, le travail spécifique sur les émotions et les besoins, le lien avec l’éducation à l’environnement, les formations pour adultes, les séjours de vacances pour enfants, adolescent-e-s et les séjours en famille constituent autant de moyens d’approfondir la connaissance du travail sur les relations, et de les intégrer dans une démarche cohérente et globale : nous ne parlons pas au cerveau car il ne s’agit pas de « comprendre » les phénomènes… Nous nous donnons la parole au ressenti de chacun-e, et à l’expérimentation d’autres pratiques.
Rappelons enfin, qu’éduquer à la relation n’est pas une affaire d’enfants, mais plutôt une question d’éducation populaire, à tous les âges de la vie. Vivre ensemble s’apprend… Connaître ses besoins et ses limites s’apprend. Savoir différencier ce qu’est l’autre de ses actes s’apprend. Identifier ses émotions demande de l’énergie… Mais c’est possible ! Pour cela, il existe de nombreux outils, qu’EnVies EnJeux s’attache à développer et à faire connaître.
Chloé di Cintio et Nicolas Bestard